Lorsqu'un enfant ne rentre pas spontanément dans la communication verbale, les deux versants de la communication, compréhension et expression, sont à soutenir et à renforcer.
La compréhension étant fondatrice et antérieure à l'expression il est indispensable de réfléchir à d'autres comportements langagiers pour s'adresser à l'enfant et lui permettre une compréhension optimale.
Cet enfant entravé dans ses capacités d'expression verbale va devoir développer un autre mode de communication que le mode oral. Nous allons devoir lui proposer un moyen de s'exprimer par un autre canal.
La communication est par nature multimodale, elle repose sur 3 canaux possibles : la parole, le geste et les images.
Cette multimodalité va devoir être soutenue chez les enfants porteurs de troubles de la communication pour optimiser ses capacités de compréhension et d'expression.
L'intervention langagière, assurée en général par l'orthophoniste en partenariat avec la famille et les autres intervenants, visera à :
- Développer les prérequis à l'acquisition du langage (pointage, imitation, attention conjointe, tour de rôle).
- Développer directement les capacités verbales si les capacités de l'enfant le permettent.
- Développer les autres canaux via les outils de la CAA.
Qu'est-ce que la CAA ?
Le terme de CAA, est issu de l’anglo-saxon « Augmentative and Alternative Communication »
(AAC), et se traduit en français par « Communication Alternative et Augmentée» ou
« Communication Alternative et Améliorée ».
Ces outils constitueront un support pour développer le langage oral (système augmentatif) ou remplaceront le langage oral si celui-ci ne se développe pas (système alternatif).
Il existe deux grands styles d'outils en CAA :
- Les outils utilisant le corps
Ils font référence à des codes gestuels réalisés avec les doigts et les mains, mais aussi les directions et mouvements du corps, ainsi que les expressions faciales.
Nous pouvons citer les systèmes conventionnels comme la Langue de signes ou encore les signes du Makaton.
- Les images (photos, dessins imagés, pictogrammes)
Elles seront un support pour la compréhension du langage, pour le repérage temporo-spatial (emploi du temps visuel, signalétique) et pour l'expression (cahier de communication, applications sur tablettes, utilisation de synthèses vocales via un codage imagé). De nombreux programmes (PECS, pictogrammes du Makaton) mais aussi des logiciels et applications pour tablettes ont été développés.
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La mise en place d’un système de communication alternatif ou augmentatif va permettre à l'enfant :
- de développer sa compréhension (compréhension verbale, compréhension de l'organisation spatio-temporelle) à l'aide des indices visuels apportés par les gestes ou les images,
- d'exprimer ses besoins premiers ; ce qui aura pour conséquence une diminution de la frustration, souvent due à une incapacité de se faire comprendre ou à exprimer un besoin,
- de développer une autonomie dans l'échange et ainsi s'adapter à des environnements différents sans être dépendant de l'environnement proche,
- de travailler l’attention, la discrimination, l’identification, le séquençage et la mémorisation, des processus nécessaires à l’acquisition de la parole et du langage.
- de développer ses capacités linguistiques (vocabulaire, syntaxe, concepts).
Il faut se rassurer, jamais ces outils n'entreront en concurrence avec le langage oral si le développement de ce dernier est possible.
Ces outils doivent être mis en place le plus tôt possible pour permettre à l'enfant de développer au mieux ses capacités d'échange et ses capacités linguistiques.
Nous remercions chaleureusement Delphine Prosper pour la rédaction de cet article.
Bibliographie : CATAIX-NEGRE E. (2013) Communiquer autrement. De Boeck Solal